L’anatomie du crâne évolue considérablement de la naissance à l’âge adulte. Si le terme « fontanelle » évoque immédiatement le point mou sur la tête des nouveau-nés, beaucoup de personnes parlent à tort de « fontanelle adulte » pour désigner les zones temporales du crâne. Cette confusion terminologique cache des réalités anatomiques et physiologiques profondément différentes. Les fontanelles, structures transitoires essentielles au développement du nourrisson, n’ont en effet rien de commun avec les fosses temporales que nous conservons toute notre vie. Comprendre ces distinctions permet non seulement d’utiliser les termes appropriés, mais aussi de mieux interpréter d’éventuelles modifications de ces zones à différents âges.
Anatomie des fontanelles : une particularité du nourrisson
Les fontanelles constituent une caractéristique anatomique spécifique aux nouveau-nés et aux jeunes enfants. Ces espaces membraneux, situés entre les os non encore soudés du crâne, jouent un rôle crucial dans le développement cérébral et le processus de naissance.
La fontanelle antérieure, souvent appelée « point mou » ou « mollera », représente la plus grande et la plus connue des fontanelles. De forme losangique, elle se situe au sommet du crâne, à la jonction des os frontaux et pariétaux. Sa taille varie considérablement d’un bébé à l’autre, mesurant généralement entre 2 et 5 centimètres à la naissance.
La fontanelle postérieure, plus petite et triangulaire, se localise à l’arrière du crâne. Moins facilement palpable que l’antérieure, elle se ferme aussi plus rapidement, généralement durant les premiers mois de vie.
Ces structures souples permettent au crâne de se comprimer légèrement lors de l’accouchement, facilitant le passage dans le canal pelvien. Après la naissance, elles offrent un espace d’expansion pour le cerveau en pleine croissance.
Pourquoi la fermeture normale des fontanelles est-elle importante ?
Le processus de fermeture des fontanelles suit un calendrier relativement précis, servant souvent de repère pour évaluer le développement crânien de l’enfant.
La fontanelle postérieure se referme habituellement entre 1 et 2 mois après la naissance. La fontanelle antérieure, quant à elle, reste ouverte plus longtemps, se solidifiant progressivement entre 9 et 18 mois. Cette fermeture résulte de l’ossification graduelle des bords, les os adjacents finissant par se rejoindre pour former des sutures crâniennes solides.
Le suivi médical régulier inclut systématiquement l’observation des fontanelles. Une fermeture prématurée (craniosynostose) peut restreindre la croissance cérébrale, tandis qu’une fermeture tardive peut signaler diverses affections comme le rachitisme ou l’hydrocéphalie.
L’état des fontanelles renseigne également sur l’hydratation et la pression intracrânienne du nourrisson. Une fontanelle déprimée suggère une déshydratation, alors qu’une fontanelle bombée peut indiquer une pression intracrânienne élevée nécessitant une attention médicale immédiate.
Vous avez une fontanelle adulte qui se creuse ? Devez-vous vous inquiétez ? Toutes les réponses dans notre autre article.
La zone temporale chez l’adulte : une structure entièrement différente
Contrairement à une idée répandue, les adultes ne possèdent pas de fontanelles. Les régions parfois désignées comme « fontanelles adultes » correspondent en réalité aux fosses temporales, dépressions anatomiques normales situées de chaque côté du crâne.
Ces zones concaves abritent principalement les muscles temporaux, épais faisceaux musculaires essentiels à la mastication. Leur taille et leur profondeur varient considérablement selon la constitution individuelle, le sexe et l’âge. Certaines personnes présentent naturellement des fosses temporales plus marquées, sans que cela ne constitue une anomalie.
Sous ces muscles se trouvent les os temporaux et pariétaux parfaitement soudés. Les sutures crâniennes, bien que toujours présentes, ne permettent plus qu’une mobilité infime, contrairement à la flexibilité des fontanelles infantiles.
La vascularisation de cette région comprend notamment l’artère temporale superficielle, facilement palpable et parfois visible chez les personnes minces. Cette artère joue un rôle diagnostique important dans certaines pathologies comme l’artérite temporale.
Quelles sont modifications pathologiques entre nourrissons et adultes ?
Les modifications anormales des fontanelles chez le nourrisson et des zones temporales chez l’adulte révèlent des mécanismes et des pathologies fondamentalement différents.
Chez le bébé, les anomalies concernent principalement le rythme de fermeture des fontanelles.
- Une craniosynostose (fermeture prématurée) nécessite souvent une intervention chirurgicale pour permettre le développement cérébral normal.
- À l’inverse, une fontanelle anormalement large ou qui tarde à se fermer peut indiquer un retard de développement osseux ou une pression intracrânienne chroniquement élevée.
Chez l’adulte, le creusement des fosses temporales résulte principalement d’une atrophie musculaire ou graisseuse. Ce phénomène, souvent lié à l’âge, peut aussi survenir dans le cadre de pathologies systémiques comme la malnutrition, certaines maladies chroniques ou neurodégénératives.
Si une modification des fontanelles chez le nourrisson reflète généralement un problème osseux ou neurologique, un creusement temporal chez l’adulte signale plus fréquemment des troubles musculaires, vasculaires ou métaboliques.
La dépression des fontanelles indique une déshydratation chez le nourrisson, alors que le creusement temporal chez l’adulte suggère plus souvent une perte musculaire chronique. Cependant, une déshydratation sévère peut aussi accentuer temporairement le creux des tempes chez l’adulte âgé.
La consultation médicale reste essentielle face à toute modification notable, tant chez l’enfant que chez l’adulte. Si vous constatez des changements au niveau des tempes, particulièrement s’ils s’accompagnent de douleurs, de troubles visuels ou de difficultés à mastiquer, consultez rapidement un professionnel de santé. Ces modifications peuvent constituer un signe précoce d’affections diverses nécessitant une prise en charge adaptée.
Il convient de rappeler que malgré la pertinence des informations partagées dans cet article, elles ne remplacent en aucun cas l’avis d’un médecin. En cas de doute sur l’aspect de vos zones temporales ou face à des symptômes inhabituels, une consultation médicale s’impose. Seul un professionnel de santé pourra établir un diagnostic précis et proposer un traitement adapté à votre situation particulière.